« J’ai fait quelque chose de mal » versus « je suis une mauvaise personne ». À première vue, la nuance semble subtile. En réalité, elle change tout. Dans son travail sur la vulnérabilité et la résilience émotionnelle, Brené Brown met en lumière une distinction fondamentale entre honte et culpabilité. Une distinction essentielle à qui veut cheminer vers un mieux-être émotionnel.
Honte ou culpabilité : de quoi parle-t-on vraiment ?
La culpabilité se manifeste lorsqu’on reconnaît avoir fait quelque chose de mal ou de contraire à ses valeurs. Elle est liée à nos actions : « j’ai mal parlé à mon amie ». Elle peut être inconfortable, mais elle ouvre la voie à la réparation, à l’excuse, au changement.
La honte, en revanche, touche à l’identité. Elle dit « je suis nulle », « je ne mérite pas d’être aimée », « je suis une mauvaise personne ». Elle isole, fige, nous fait rentrer la tête dans les épaules. Et elle est rarement utile. Parce qu’au lieu de nous faire avancer, elle nous enferme.
Pourquoi cette distinction est essentielle pour notre bien-être
Selon les recherches de Brené Brown, la culpabilité peut être un moteur de transformation positive, tandis que la honte est souvent source de souffrance, d’anxiété, de repli sur soi. Elle est liée à une peur profonde du rejet et au sentiment d’être fondamentalement défectueux.
Dans un monde où la performance, l’image et la comparaison sont omniprésentes, il est facile de basculer dans des schémas de honte. Et pourtant, apprendre à nommer ce que l’on ressent – « je me sens coupable » au lieu de « je suis une mauvaise personne » – change profondément la façon dont on prend soin de soi.
Apprendre à identifier la honte pour mieux la déconstruire
Pour se libérer de la honte, il faut d’abord la reconnaître. Voici quelques signaux à observer :
- Une envie de se cacher, de disparaître
- Un discours intérieur très dur, souvent humiliant
- Un sentiment d’être seul·e, incompris·e, différent·e
- L’impression qu’il est impossible de réparer ou de s’en sortir
Une fois la honte identifiée, il devient possible de la déconstruire avec douceur. Cela passe par :
- Le partage avec une personne de confiance
- La pratique de l’auto-compassion
- Le rappel de ses valeurs profondes
- Et, surtout, la conscience que l’erreur ne définit pas la personne
Cultiver la compassion pour soi (et pour les autres)
Faire la paix avec la culpabilité, c’est s’autoriser à évoluer. Faire la lumière sur la honte, c’est se libérer d’un fardeau invisible. Dans cette exploration intérieure, la compassion devient un allié précieux. Elle nous rappelle que nous sommes humains, imparfaits, et dignes d’amour malgré nos faux pas.
La prochaine fois que vous vous sentez envahi·e par une émotion inconfortable, demandez-vous : « Est-ce que je me sens coupable… ou est-ce que je me sens honteux·se ? » Ce simple pas peut devenir un acte radical de soin de soi.