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Charlotte Muller, la magicienne de la fertilité

Professeure diplômée, Charlotte enseigne le “Fertility Yoga”, un yoga à pratiquer selon le rythme de son cycle pour rééquilibrer le système hormonal et permettre, dans le meilleur des cas, de tomber enceinte plus facilement.

Qu’est ce que le Fertility Yoga ?

Le Fertility yoga est un Yoga Hatha dont la pratique est différenciée selon la période du cycle hormonal de la femme. Les positions traditionnelles sont triées pour s’adapter aux hormones présentes dans le corps.

Ainsi, en début de cycle, durant la phase folliculaire (de J5 à J14 – J-1 étant le premier jour des règles), la séquence est plus dynamique et stimulante car les androgènes nous énergisant. Puis en seconde partie de cycle, après l’ovulation, en phase lutéale (de J15 à J28), la pratique devient plus douce et restorative. A cette période, la progestérone nous rend plus calme et plus sensible.

Pourquoi avoir choisi d’enseigner cette pratique ?

Je n’ai pas toujours été prof de yoga. J’ai décidé de l’enseigner après avoir constaté ses bienfaits sur moi-même.
Juriste dans des grands groupes, je voyageais beaucoup, dormais peu et vivais à un rythme assez épuisant pendant des années. Une alimentation saine ne suffisait pas, j’étais en aménorrhée (absence de règles) et ma gynécologue de l’époque ne s’en souciait pas.
Après quelques recherches sur les causes potentielles de mon dérèglement hormonal, j’ai poussé la porte du Dr Debache en 2012, spécialiste parisien de l’infertilité. Ce fut la fin de mon errance gynécologique et le début d’une quête de mieux-vivre.
Le Dr Debache m’a diagnostiqué, quasi instantanément, un syndrome d’ovaires polykystiques (SOPK), confirmé par une prise de sang. Le SOPK est la première cause d’infertilité chez la femme. Il s’agit d’un dérèglement hormonal qui touche 1 femme sur 5. A l’échographie, les ovaires semblent regorger de mini kystes qui sont en réalité des follicules, stade précédant les ovules et qui n’arriveront jamais à maturité. Autrement dit, mes cycles n’ont ni début, ni fin et je n’ovule pas.
Pratiquante assidue de Yoga Hatha et Kundalini, j’ai découvert au fil de recherches complémentaires qu’il existait des positions de yoga et des méditations très efficaces pour la régulations des cycles hormonaux. J’ai suivi des formations aux Etats-Unis, en Australie et au Brésil pour pouvoir l’enseigner.

De quelle façon les mouvements du Fertility Yoga influencent-ils le système hormonal ?
Il faut savoir que les ovaires ne sont pas des organes autonomes. Trois glandes de notre cerveau collaborent pour leur indiquer quand produire quelles hormones. Un mental calme et non stressé est essentiel pour réguler le système endocrinien.
En état de stress, votre corps produit des hormones antagonistes, qui dégradent l’ovulation : cortisol lors d’un stress environemental (stress professionnel) et trop plein de testostérone et androgènes lors de stress physique (cardio trop intense, ou angoisses physiques/somatisation).
Le yoga de la fertilité travaille à deux niveaux : d’abord physique, par une respiration abdominale basse (niveau du bas ventre) et des mouvements du féminin (bassin, ouverture de hanche, stimulation du périnée), ensuite par des exercices de visualisation et de méditation.

A qui le recommandes-tu ?
Le Yoga de la Fertilité a été étudié par l’Université d’Harvard et le CHU de Florence (Etudes consultables sur charlottemulleryoga.com/fertility).
Il est tout particulièrement recommandé aux femmes en désir de grossesse qui font des stimulations, ou ont recours à la PMA (inséminations ou fécondations in-vitro).
En effet, dans le cadre d’une pratique bi-hebdomadaire de 3 mois, en amont d’une FIV, les études montrent que le taux de succès de la FIV augmente de presque un tiers, passant de 20% à 52%.
Cela signifie qu’une femme qui pratique le yoga de la fertilité peut passer d’1 chance sur 5 à 1 chance sur 2 de tomber enceinte.

As-tu des élèves qui sont tombées enceintes ou ont observées d’autres bénéfices ? Si oui lesquels ?
Oui j’ai déjà 6 élèves qui sont tombées enceintes, dont 4 rien que le mois dernier  et plus encore depuis l’interview !)
Je constate que le Fertility Yoga est particulièrement efficace sur trois types d’infertilité :
1/ les infertilités dites « idiopathiques », celles qui sont inexpliquées et souvent liées au stress et/ou à un mode de vie oxydatif (tabac, alcool, nuits courtes, exposition aux plastiques et perturbateurs endocriniens). Grâce aux exercices de visualisation et de méditation, ces élèves comprennent rapidement la nécessité d’adopter une hygiène et un rythme de vie alignés avec le Fertility Yoga, au soutien de leur fertilité.
2/ celles liées à un taux d’AMH bas et une insuffisance ovarienne anxiogènes. A partir de 35 ans, la fertilité est en chute libre. Cela concerne celles qui ont un projet de premier enfant tardif et font souvent face à « un stock » d’ovocytes insuffisant et/ou une qualité d’ovule dégradée, avec par conséquent un développement chromosomique plus fragile (cause principale des fausses couches passé un certain âge).  Ces élèves, qui souhaitent leur premier enfant ou estiment que le petit dernier peine à venir, trouvent dans le Fertility Yoga tous les outils pour réduire l’anxiété liée au désir de maternité. Elles y apaisent et rationalisent les flots d’émotions dus à la stimulation ovarienne (comprimés et piqûres d’hormones) et pour gagner en sérénité et confiance en soi.
3/ les infertilités dues à l’endométriose. De par l’infertilité mécanique (trompes bouchées, adhérences de fibres etc.) que l’endométriose peut provoquer, ces élèves sont souvent orientées vers un cursus de FIV, avec la particularité d’une sensibilité aux oestrogènes et une incompatibilité avec les pratiques trop physiques. De fait, il n’existait aucun cours de yoga adapté aux femmes en parcours de FIV due à l’endométriose . Je leur recommande le Fertility Yoga 2 et et faire ensuite évoluer l’intensité vers les cours de Fertility Yoga 1, si elles ne sont pas algiques.
Après quelques cours mes élèves me font toutes le même retour. Elles sentent leur bas ventre totalement dénoué après la pratique, de façon incomparable avec un yoga dynamique de type Vinyasa qui n’intègre pas cette respiration abdominale basse. Le Fertility Yoga réduit les angoisses, ouvre la bassin et par conséquent soulage les maux de dos et aide à la digestion. Pratiqué le premier jour des règles, le cours de Fertility Yoga 2 fait disparaître les crampes menstruelles.

Enfin, as-tu des conseils à donner aux femmes souffrant d’infertilité ou de problèmes hormonaux ?
Mes recommandations relèves plus du féminisme et du respect de soi, que du yoga – et je pense que c’est d’ailleurs pour cette raison que mes élèves aiment mes cours. Ils ne sont pas ésotériques, et ils les aident à se reconnecter à leur corps et se le réapproprier.

1/ Soyez cohérentes : le système hormonal est le reflet de la façon dont nous vivons, nous nourrissons et du traitement que nous nous réservons.
2/ Soyez courageuses : Traiter son mode de vie pour soutenir sa fertilité, implique également d’être pleinement sereine et faire totalement confiance à son médecin.
J’ai trop souvent entendu des femmes se plaindre du peu d’écoute de leur gynécologue :
« Vous avez des règles douloureuses, bienvenue au club, ne vous fantasmez pas une endométriose imaginaire, c’est une maladie tendance »
« Vous n’avez pas vos règles, commencez par vous détendre, on ne va pas faire une échographie de vos ovaires pour si peu ».
A partir de 30 ans, toutes les femmes devraient exiger de connaître leur réserve ovarienne et le cas échéant, leurs options.
Si vous n’êtes pas satisfaites, n’ayez pas peur de demander une seconde opinion ou de changer de gynécologue !
3/ C’est finalement mon troisième conseil: s’écouter et se faire confiance.